Voici ici deux témoignages écrits à propos des violences policières encore jamais vues à Clermont-Ferrand qui ont eu lieu lors du 10 et du 11 septembre qui nous ont été envoyés. Nous vous conseillons vivement de les lire et de les partager afin que tout le monde puisse avoir un point de vue différent sur la situation que celui des médias mainstream. Nous les avons restranscrit tels quels (avec seulement une mise en forme pour l’article). Nous avons aussi compilé quelques vidéos issues de militant·es que nous avons mises en fin d’article :

Témoignage 1 : 10 septembre, violences validistes et racistes

J’étais à la ZOT (Zone d’Occupation Temporaire) depuis 10h, tout se passait très bien, même trop bien. Les gens faisaient leurs activités, dessin de pancartes, musique, cantine solidaire. Du bon temps et du bonheur. Les enfants jouaient (je veux préciser que tout le long il y avait aussi une famille avec un nourrisson, quand même !). Bref, c’était si calme que j’ai pu dormir en fait. Pour vous dire le niveau de paisibilité hahaha.

Bref. Le cortège de manifestant arrive et tout le monde profite de la paisibilité, tout le monde s’asseoit et se repose. On mange un peu.

Et là apres je ne sais pas 20 ou 30 minutes on voit les keufs arriver. Du coup les gens commencent à se lever, car ils arrivent d’un coup par surprise. Au milieu de la foule un keuf en civil essaie de choper la première personne racisée qu’il voit, les camarades essaient de le retenir et c’est là que le gazage commence. Des gens se prennent le gaz en plein dans le visage, des cris, vraiment stressant. Et j’étais très proche des lieux. Donc j’ai morflé également, ça pique, ça fait mal quoi. Et là t’as un mouvement panique assez surprenant et qui m’a fait très peur et j’ai beaucoup stressé. On se fait nasser en fait, on est encerlé de partout, de tous les cotés où on voit y’a les keufs. Ca tirait de tous les côtés, y’avait du gaz partout et de la fumée partout. Moi je suis malentendant en plus donc le stress était terrible. Mais du coup je ne sais pas ce qui est arrivé au nourisson ou si la famille a pu quitter les lieux, des gamins et des personnes agées se sont faites gazées pour te dire.

Et je suis tombé malade depuis cet évènement à cause du stress. Pour vous dire aujourd’hui (ndlr : le lendemain) je suis resté planqué dans le lit, j’ai jamais vu autant de violences sur Clermont. Je me rendais pas compte mais je tremblais quand ça se passait. Je suis vraiment choqué que ça m’aie à ce point fait peur que ça m’a rendu malade. Je suis une personne handi en plus donc ça m’a empiré mes symptômes. Je pense que la police est validiste c’est évident. Je pense que sans la solidarité des camarades j’en serais sorti traumatisé.

C’était vraiment traumatisant d’entendre les coups de feu sans savoir d’où ça vient, genre l’état de confusion et de panique dans lequel ça m’a mis c’est chaud.

Témoignage 2 : 11 septembre, « Quoi ça pourrait être nos enfants, vous avez vu ce qu’ils font ? »

Après que les policiers aient gazé en quantité sous la préf’, on s’est regroupés place de Jaude, une cinquantaine de jeunes a voulu partir en manif spontanée, j’ai suivi en vélo, distribué du sérum physiologique quand il y avait besoin. Comme les policiers ont continué à gazer en abondance, ils nous ont encerclé rue Beaumarchais, puis sont venus au contact, ont arrêté au minimum une dizaine de personnes, en les attrapant brutalement et en les matraquant, tout en continuant à les gazer en visant la tête.

Certains ont voulu se réfugier dans un immeuble, je disais aux policiers : « Faites doucement, ça pourrait être vos enfants », jusqu’à ce qu’un policier tape dans la roue de mon vélo et me dise « Quoi ça pourrait être nos enfants, vous avez vu ce qu’ils font ? » (ils n’ont rien cassé ni brûlé) et m’arrache mon masque de piscine « et enlevez ça » et le jette.

J’ai ensuite appelé le 15 pour une jeune fille asthmatique et avec un souffle au coeur, parallèlement un jeune avait appelé le 18. Le 15 m’a demandé de leur passer un policier, qui a dit qu’elle jouait la comédie (ce n’était pas le cas). Les pompiers sont arrivés et l’ont emmené.

C’est écœurant, je les ai vu embarquer plein de jeunes garçons et filles à l’air inquiet·es et apeuré·es, qui n’ont rien fait d’autre que peut-être participer à placer des poubelles au milieu de la route (la plupart n’ont touché à rien) et sont actuellement en garde à vue, tout ça parce que le gouvernement à la botte des ultrariches refuse de les écouter et s’appuie sur des brutes en uniformes pour les mater…

Précision au cas où :
Les policiers ont pas suivi la manif’ spontanée dès le début, c’est quand on était rue Bonnabaud qu’ils sont arrivés en voitures des deux côtés, ont annoncé une première sommation, « dispersez-vous » je crois et ont envoyé plein de lacrymos dans la foulée, nous obligeant à passer par où on a pu pour échapper au nuage de fumée, et ont continué à lancer des lacrymos. En fait ils nous ont pas laissé la possibilité de nous disperser, jusqu’à nous encercler rue Beaumarchais…

Ces témoignages, les très nombreuses infos qui ont été relayées et les images peuvent paraitre courantes pour des habitant·es d’autres villes, mais il est à noter qu’elles sont tout à fait exceptionelles dans le contexte clermontois et même auvergnat en général. Depuis de longues années il n’y a pas eu de telles violences policières lors de mouvements sociaux au sein de la métropole, et ces mouvements ont toujours été extrêmement pacifiques, trop peut-être. La dernière en date est celle qui a eu lieu lors des retraites où seulement quelques personnes avaient été gazées. Cela pourrait être dû aux ordres de l’Intérieur ou aux paniques autour du narcotrafic ? Une analyse est ici à tenter.

Il devient alors plus que nécessaire pour le mouvement de continuer, et de se garder décentralisé. Les manifestant·es ont la force du nombre et de la détermination à faire changer ce système capitaliste qui nous opresse au quotidien de différentes manières, et si des actions sont faites partout et souvent dans le département, la police ne pourra jamais tenir bien longtemps face à la détermination des manifestant·es auvergnat·es.

Si vous avez des témoignages de violences policières dans le Puy-de-Dôme, ou que vous souhaitez écrire un article, sur n’importe quel évènement (violent ou non), envoyez-nous un mail à la-montanharda@proton.me. Nous recherchons par ailleurs des rédacteur·ices pour couvrir l’ensemble du département.